Une enquête

On l’aura compris : pour une narration linéaire, il faudra repasser ! Notre objectif n’a jamais été de commencer la 1ère case de la 1ère page avec Philippe Néri au berceau et finir sur saint Philippe au tombeau à la dernière case de la dernière page. Même si ce travail est plutôt historique, ce n’est pas tant le déroulé chronologique (presque) paresseux de la vie d’un saint qui nous semblait intéressant de montrer que de vraiment vous dévoiler « pourquoi » il est saint. Normalement, à la fin de chaque section (quand ce n’est pas en bas de chaque page ou double-page), on doit pouvoir se dire : « OK, il est saint parce que ceci, parce que cela ». A vous de compléter :

  • construction d’une église
  • des miracles
  • fonder une congrégation
  • conseiller les papes
  • etc

Dès lors, montrer l’homme et son œuvre par petites touches, en les regroupant, les agençant et les faisant se succéder comme nous l’entendions était une solution intéressante à exploiter. Y aurait-il un peu d’impressionnisme dans ce livre ?

Toutefois, comme nous avons pitié des « flash-back »-ophobes, vous trouverez la BD remise dans l’ordre ici.

Par ailleurs, le fait de choisir l’enrobage d’une enquête se prêtait tout à fait à ce genre de déconstruction et de réassemblage. Ainsi, nous avons eu le loisir de faire passer notre enquêteur par toutes les façons possibles et imaginables de recueillir des indices :

  • son propre témoignage (p. 6 sqq)
  • le recueil du témoignage des autres (p. 18 ou 49-50 par exemple)
  • des indices réfractaires (p. 12)
  • la consultation d’archives pour y déceler des preuves (p. 36 sqq)
  • des témoins oculaires (p. 24 sqq surtout)
  • le coup de bol (p. 23-34, 38)

On aura compris également que cette BD et son enquête se veulent en quelque sorte la métaphore des enquêtes ayant lieu lors de chaque procès de béatification.

[Attention : spoiler dans ce dernier paragraphe !]

La forme d’une enquête nous a aussi permis de mettre en point d’orgue la fameuse Pentecôte 1544, comme acmé et final, alors que chronologiquement cette cartouche aurait été grillée beaucoup trop tôt ! En ne dévoilant le secret du cœur de saint Philippe qu’à la fin, nous sommes aussi conforme à l’Histoire, puisque, de même que nous le cachons durant toute la BD, le concerné l’a lui-même caché toute sa vie durant. Toujours pour éviter la vantardise.