Le titre

« De lys, d’azur étoilé & d’un cœur enflammé »

Cette BD est assez longue : comme ça, au moins, il n’y a pas que le titre qui soit à rallonge ! Plus sérieusement, il n’y a pas que ça comme parallèle entre le titre et son contenu. En doutiez-vous ?

Comme le prouve la bibliographie (p. 64), nous avons essayé d’être exhaustifs. Eh ! c’est que ce n’est sûrement pas demain la veille qu’il y aura une autre BD sur le sujet : ne comptez pas sur un Tome II ou un projet « Philippe le retour » ! Bref, on se doutait que nous aurions difficilement à revenir dessus. C’est pourquoi vous vous retrouvez avec une BD entre les mains qui est plutôt longue comme un Blake & Mortimer que comme un Astérix. Pour autant, nous espérons avoir évité le piège de forcer l’inclusion de vraiment tout, tout, trop. Notre but est que le lecteur obtienne ce qu’il faut comme informations biographiques pour se faire une idée du personnage. De tous les éléments retenus, tous servent l’intrigue, à savoir une enquête. Ainsi, si saint Jean Leonardi semble apparaître p. 20 sans autre vraie raison que le fait que lui et saint Philippe se soient vraiment croisés (et que les auteurs étaient contents de caser cette anecdote), il est en réalité introduit auprès du lecteur pour devenir concrètement un moteur à l’intrigue un peu plus loin (p. 38-39). Un autre effet d’écho se fait, par exemple, avec la date « 1515 », annoncée dès le début de l’histoire p. 3, pour être en fait reprise de façon constructive p. 56. Nous vous laissons le soin de découvrir d’autres éléments de reprise du même genre. Le livre se retrouve donc au final comme un tout duquel on aurait du mal de retirer la moindre partie sans que cela nuise à la compréhension, à la fluidité du récit et au succès de l’enquête.

C’est là où le titre de l’ouvrage rejoint son contenu : nous avons souhaité qu’il embrasse au maximum la vie du saint présenté, sans en oublier des aspects importants ni qu’on puisse en ôter un seul élément. Car ce titre « est » saint Philippe Néri. C’est, tout de même, ni plus ni moins que le blason du saint (cf. 4e  de couverture) ! Philippe Néri peut se résumer à sa pureté (d’esprit, de cœur, etc) : c’est la symbolique accordée à la fleur de lys depuis trop longtemps pour qu’on puisse encore y faire quelque chose contre … et ce ne sont pas des Français qui vont s’en plaindre ! L’Histoire a retenu aussi saint Philippe comme le fondateur de l’Oratoire. Comme il s’en est toujours défendu et qu’il a en revanche fait porter le chapeau à la Bonne Mère, personne ne s’étonnera de retrouver le bleu marial et ces étoiles si souvent associées à la Vierge. A priori, ce ne sont pas les Lorrains – comme l’ont été les auteurs – qui diront le contraire, dès lors qu’ils repensent à leur pélé marial sur la Colline de Sion et aux fouilles de ces petites étoiles fossilisées dans le sol des environs. Saint Philippe, enfin (ah, au fait, gaffe aux spoilers dans ces onglets 😉 !), a une ENORME particularité dans l’intégralité du calendrier des saints. Des saints et des saintes qui ont eu des visions, on en a ! D’autres qui ont reçus les stigmates, idem et on pensera d’emblée à saint François d’Assise ou au Padre Pio. Mais un être humain qui ait reçu à ce point le feu de l’Esprit Saint dans son cœur, … ça … on cherche encore un prétendant !

Bon, les auteurs n’étant quand-même pas suicidaires, le sous-titre « Une vie de saint Philippe Néri » a néanmoins été ajouté. C’est de la BD pour évangéliser, ne l’oublions pas : pas du cinéma art & essai !

Enfin, nous ferons remarquer que ce titre a aussi une sorte de poétique qui lui est propre. Elle émane du rythme créé par l’allongement de chaque groupe nominal :

  • de lys = 2 syllabes
  • d’azur étoilé = 5
  • et d’un cœur enflammé = 6

Disons que ce titre instaure d’emblée un petit climat, peut-être un peu nostalgique (Gallonio remontant aux origines de l’Oratoire), mais en tout cas bucolique, en invitant à une balade dans la Rome de la Renaissance.